Le problème avec Q...

Étant un des personnages récurrents les plus populaires de Star Trek, l'omnipotent Q est apparu dans toutes les incarnations du XXIVème siècle de la saga, évoluant graduellement du statut d'entité dangereusement imprévisible à celui de charmante canaille doit son existence à un accident, ou plutôt à un changement de direction. A l'origine, le pilote de Star trek - La Nouvelle Génération devait durer une heure. Le vétéran de Star Trek, Dorothy Fontana, avait rédigé un script qui entraînait le Capitaine Picard et l'U.S.S. Enterprise NCC-1709-D jusqu'à la Station Farpoint. Les grandes lignes de l'intrigue concernant les Bandis étaient jetées, mais Q n'y apparaissait pas.
Le studio décida cependant que LNG devrait commencer par un épisode deux fois plus long que la normale. Gene Roddenberry s'en mêla pour développer l'histoire en conséquence, ajoutant un personnage omnipotent (Q) qui remettait en cause les droits de l'humanité à explorer la Galaxie. Pour bien des spectateurs, Q incarna le volet le plus réussi du pilote. Et il continua sur sa lancée pour devenir une des vedettes invitées les plus populaires de Star Trek, totalisant douze apparitions dans pas moins de trois séries différentes.
Un adversaire génial
Quant aux raisons du brillant succès de Q, le producteur exécutif Michael Piller est très clair.
Michael Piller : « John de Lancie a été la bougie qui fait que le pilote a fonctionné. Une des grandes règles, pour ce genre d'écriture, c'est que votre héros doit avoir en face de lui des adversaires à la hauteur. Là, nous avions un opposant fabuleux, et Picard en arrivait à faire de tout cela une affaire personnelle. Je ne me souviens pas qu'un seul épisode de LNG où Q effectuait son retour n'ait pas marché. Parce que nous avions une superbe partie d'échecs avec, aux prises, deux individus d'une trempe exceptionnelle. »
Dans les épisodes où Q revenait sur le devant de la scène, il ne fait guère de doute que la relation entre Picard et lui était la force motrice de l'ensemble – un développement guère surprenant. John de Lancie se souvient qu'il s'était composé un personnage offrant un saisissant contraste avec celui de Patrick Stewart, Picard. Là où le capitaine était réservé, voire « guindé », il devenait très expansif et flamboyant. Les scénaristes ont repris cette idée, polarisant les différences entre les deux rôles. Ainsi que l'explique le scénariste Ronald
Moore, il y avait d'ailleurs un peu plus dans cette relation que nous n'aurions pu le deviner.
Ronald Moore : « Ce qui à mes yeux avait le plus de sens, c'est qu'au fond, Q était tombé amoureux de Picard. Voilà ce qui sous-tendait leurs rapports. Q trouvait Picard fascinant, il l'aimait autant qu'il le haïssait et adorait le taquiner. Si, cette étrange relation a si bien fonctionné, c'était en raison de ces liens si particuliers existant entre nos deux personnages. Dès qu'on écrivait en fonction de cette donnée fondamentale, Q retrouvait ses marques. Quand on s'en éloignait, cela ne marchait plus aussi bien. »
La relation amour/haine liant Q à Picard reflète l'attitude du premier envers l'humanité en général et, d'après Ron, maintenir l'équilibre entre ces deux pôles émotionnels comptait.

Ronald Moore : « J'appréciais le fait qu'il tienne l'humanité en piètre estime, lui vouant un dédain à peine voilé. Intéressé malgré lui, il revenait pourtant s'y frotter, encore et encore... De son point de vue, l'humanité ne manquait pas d'intérêt. Mais de là à la lui faire adopter sans réserve, ou à lui vouer au contraire une haine féroce, il y avait un gouffre que personne n'a franchi. On désirait qu'il reste de toute façon au-dessus de la mêlée. Toute son attitude tend à nous invectiver, à piquer notre amour-propre au vif. Style : « Eh bien, c'est tout ce dont vous êtes capables? Vous n'êtes tout de même pas stupides à ce point ! Ne pouvez-vous vraiment pas être meilleurs que cela? »
Une nature unique en son genre
Au fil des ans, l'attitude de Q semble avoir évolué, et son comportement est passé de l'omnipotence divine à l'impuissance caractérisée. A son apogée, il a menacé l'humanité d'extinction. A son déclin, il a supplié Janeway de l'aider à mater un enfant rebelle... Ces oscillations extrêmes de balancier semblent découler, en partie du moins, de sa nature unique, qui a d'ailleurs posé des problèmes insolites aux scénaristes.
Pour beaucoup d'entre eux, le pire était bien l'omnipotence du sujet. Ainsi que l'explique Robert J. Doherty, qui a co-écrit «Q-2» avec Kenneth Biller, cela peut le rendre très difficile à comprendre.
Robert J. Doherty : « Il est vraiment dur de plaquer nos motivations et nos modes de comportement sur quelqu'un comme Q rien qu'en raison de son immense puissance. En l'essence, nous parlons d'un dieu, ni plus ni moins. Alors comment nous autres, pauvres mortels, saurions appréhender ses motivations ? »
Ron Moore ajoute que d'un point de vue purement pratique, les pouvoirs inouïs de ce personnage rendent aussi très ardue l'élaboration d'une intrigue.
Ron Moore : « On se heurte toujours au fait que Q peut faire tout ce qui lui chante. Il n'y a pas de limites à sa puissance, et pour que Q reste Q, Picard et les siens ne peuvent absolument pas espérer le circonvenir par quelque tour de passe-passe technologique que ce soit ! En fait, Q a toutes les cartes en main. A partir de là, écrire des histoires entre notre dieu, Q et des mortels, sera toujours un délicat exercice d'équilibriste... »
Face à ce problème, divers scénaristes ont mis au point différentes solutions. Maurice Hurley, qui chapeautait l'équipe de scénaristes lors des deux premières saisons, a adopté le concept d'un « Dieu fantasque et peu fiable » en planifiant une série d'histoires destinées à le confronter aux Borgs. Et Picard était pris entre le marteau et l'enclume... Mais Maurice partit à la fin de la deuxième saison sans pouvoir mettre son plan en action.
Quand Michael Piller prit la relève dans la troisième saison, le type d'intrigues auxquelles Q était mêlé commença à changer de façon subtile. Au début, en suivant l'orientation prise par « Le mystère Farpoint », les épisodes tendaient à se concentrer sur un type d'épreuve imposé par Q à Picard et à son équipage. Dans « Cache-cache », Riker était confronté à une toute-puissance virtuelle, et dans « Docteur Q », Q propulsait Picard face aux Borgs, une épreuve dans laquelle le capitaine reconnut avoir échoué. A l'origine, se souvient Michael, la première intrigue relative à Q sur laquelle il travailla, « Déjà Q », suivait un développement très similaire.

Michael Piller : « Nous cherchions des idées, quelque chose qui tienne la route... Q étant un personnage si populaire, nous nous demandions ce que lui pourrait faire pour nous! Un collègue [Richard Danus] et moi avons eu une idée de scénario dans lequel Q revient à bord de l'Enterprise en prétendant avoir perdu tous ses pouvoirs. II se lance dans une chasse insensée d'un bout à l'autre de la Galaxie, à la recherche des auteurs de ce vol, et tout finit sur de grands éclats de rire. Nous sommes allés voir Gene pour lui en parler. II nous a demandé de quoi il s'agissait au juste. "Eh bien, ai-je répondu, il s'agit d'une partie de chasse insensée, Gene, et Q affirme que..." II m'a interrompu en répétant sa question: "De quoi est-il question?" Je n'ai plus su quoi répondre. "Si vous voulez construire une histoire où un être omnipotent se voit contraint de vivre comme un simple mortel, a continué Gene, faites-le ! N'y allez pas par quatre chemins... Le thème d'un dieu réduit à la mortalité est un grand thème. Alors que ce dont vous me parlez repose sur du vent..." Quand j'ai réalisé ce qu'il voulait vraiment dire, c'est comme si une petite lampe s'était soudain allumée au-dessus de ma tête... Avec STAR TREK, il y a toujours un deuxième niveau de lecture. A condition bien sûr qu'il y ait un thème... Et c'est une nécessité. Après cela, chaque fois qu'un écrivain se présentait dans mon bureau, je lui reposais à mon tour la même question: "De quoi est-il question ?" »
Développement des personnages
En définitive, « Déjà Q » portait au moins autant sur ce qu'apprenait Q que sur Picard. Et lors des apparitions consécutives de Q dans LNG, il semble bien qu'il ait voulu rendre la pareille, même si nous ne devions jamais en être tout à fait certains. « Qpidon » était une franche comédie, mais dans le fond, Q voulait que Picard avoue ses sentiments pour Vash.
De façon plus significative, dans «Tapisserie», Q donnait à Picard mourant l'occasion de voir à quel point son existence aurait pu suivre un cours différent s'il n'avait pas commis certaines « erreurs ». L'épisode s'achevait sur Picard se demandant s'il n'avait pas méjugé de Q... Le public aussi peut avoir eu cette incertitude. Mais d'après Ron Moore, l'auteur du scénario pour la télévision, la motivation de Q ne se démarquait en rien de l'ordinaire.
Dans « Tapisserie », Picard est atteint de myopie pour tout ce qui touche à sa propre vie, et certaines évidences lui échappent. II y a d'abord ce qu'il reproche constamment à Q: ses défauts. Picard semble investi de la vérité divine à propos du bien et du mal, et de ce qui fait la valeur d'un homme. Il est toujours guindé, plein de componction... Alors Q a dû se dire que lui donner une petite leçon ne lui ferait pas de mal. Cela lui apprendrait au moins quelque chose... On peut y voir une démarche bienveillante, et dans un certain sens, c'est le cas. Mais quoi qu'il en soit, Q a supporté beaucoup de leçons de morale de la part de ce type, et c'était l'occasion pour lui de rappeler une autre évidence: «Voyez ? Vos défauts font de vous ce que vous êtes.»

A ce stade, le côté obscur de Q restait très présent. Plus tôt dans la saison, il avait reparu à bord de l'Enterprise en menaçant de mort une jeune femme, qui venait de se découvrir des pouvoirs de Q, si elle ne réintégrait pas le Continuum à ses côtés.
Dans « Toutes les bonnes choses... », le danger était encore plus grand. Cette fois, Q menaçait d'anéantir toute l'humanité, l'effaçant carrément du cours de l'Histoire, à moins que Picard ne parvienne à résoudre un paradoxe. Si Q figure dans le dénouement final de LNG, ce n'est pas un hasard, souligne Ron Moore. L'histoire était conçue comme le pendant du « Mystère Farpoint » en posant une question fondamentale: « Quel a été notre voyage, et qu'y a-t-il à en retenir? »
Dans cette intrigue, Q renvoyait Picard à plusieurs époques, le forçant à s'examiner (lui-même tout autant d'ailleurs que le paradoxe présenté) au présent, dans le passé et à l'avenir. Q nous disait que le procès de l'humanité, entamé dans « Le mystère Farpoint », n'était pas clos. Tous les épisodes auxquels nous avions assisté et toutes les décisions prises par Picard avaient été dûment jugés par lui.
Et encore maintenant, il n'était pas convaincu... II soumettait donc Picard (et à travers lui, l'humanité tout entière) à l'épreuve ultime, avec l'Histoire dans la balance... Aux yeux de Ron Moore, tout cela avait un sens, parce que l'humanité continuait d'intriguer Q. Et pourtant, nous étions toujours pour lui une source de terrible frustration.
« Nous y voilà, les gars: l'humanité est sur la sellette. Si vous n'y mettez pas du vôtre, nous allons l'anéantir. » Le discours de Q... Car tôt ou tard, il devait se lasser de tout cela, et poser un ultimatum. Lancer quelque chose du style: «Trop, c'est trop ! » Je pense qu'il ne bluffait pas, et qu'il était tout à fait prêt à nous rayer de la surface de l'univers...
Malgré sa propension à renvoyer l'humanité au néant, Q rend encore quelques petites visites à Picard, lui offrant des conseils sibyllins qui l'aident finalement à comprendre ce qui se passait. Sur bien des plans, le comportement de Q est plutôt paradoxal. Dans le procès en question, il est non seulement juge et partie, mais joue aussi le rôle de l'avocat général et du défenseur. Pour Ron, c'était une facette essentielle de l'attitude de Q envers l'humanité.
Ron Moore : « II nous toisait de haut, désespérant de nous voir nous améliorer. Cela le rendait frustré et brutal. Dans un certain sens, il cherchait à nous aider. A mon avis, il veut voir l'humanité réussir. Et que le capitaine Jean-Luc Picard vienne à bout de l'énigme. »
Q sans Picard
Michael Piller estime qu'idéalement, Q aurait dû tirer sa révérence avec «Toutes les bonnes choses...».
Michael Piller : « Si nous en étions restés là, cela aurait été génial à mon avis. Pour moi, après LNG, le personnage de Q n'a plus jamais si bien fonctionné. Nous l'avons rappelé pour DEEP SPACE NINE, lors de la première saison – une saison toujours difficile pour mettre des histoires en scène. Or, cela paraissait couler de source. Mais je serais le premier à reconnaître que l'alchimie qui existait entre Q et Picard n'a vraiment pas eu le même impact avec d'autres, notamment avec Ben Sisko. »
L'équipe de scénaristes de DS9 en convient tout à fait avec Michael, et même si l'idée de recourir occasionnellement à Q est revenue à l'ordre du jour lors de séances de travail, tout le monde était d'avis que la relation entre Q et Sisko n'était pas assez intéressante.

Q eut plutôt davantage de succès avec Star Trek - Voyager. Car là où Ben Sisko s'était contenté de le boxer, Kathryn Janeway était presque autant frustrée par lui que Picard en son temps. Cependant, Michael reste d'avis que Q n'a pas aussi bien fonctionné avec Janeway qu'avec Picard.
Michael Piller : « Franchement, si nous avons fait quelques épisodes assez honnêtes de VOYAGER avec Q, dont « Suicide », que j'ai écrit avec mon fils, il n'y a jamais eu cette force qui venait du conflit opposant Picard à Q. On ne peut pas recréer ce genre d'alchimie. On démarre une nouvelle série en rappelant un des acteurs et en lui demandant de refaire la même chose. Mais cela ne se passe pas de cette manière, inutile de se leurrer. Ce n'est pas la faute du nouvel acteur ou du nouveau personnage. Le problème, c'est qu'on a vu la relation en question fonctionner d'une façon bien spécifique. Et de toute façon, il n'existe pas de moyen sûr ou efficace de se répéter. »
L'équipe de scénaristes de Voyager avait manifestement conscience de ces problèmes, et lorsque Q a réapparu dans la série, il ne fait aucun doute que les intrigues ont pris une nouvelle direction. II n'y a plus eu d'épreuves. En fait, quand Q s'est manifesté auprès de Janeway, il n'a jamais été en position de supériorité. Dans « Suicide », il était chargé d'emprisonner un autre Q, mais dut finalement se rendre au jugement de Janeway. Et lorsqu'il revint dans « Autant en emporte les Q », il pensait avoir besoin du capitaine pour concevoir un enfant. Évidemment ces changements peuvent s'expliquer en partie par la nécessité de diversifier les intrigues, tout simplement.
Ainsi que l'explique Bryan Fuller, « à la fin de LNG, Q avait encore des dents et cherchait comme toujours un moyen d'arnaquer l'humanité. Pourquoi? Parce que cela l'amusait, tout bêtement. C'est le vieil adage bien connu: "A pouvoir absolu, corruption absolue" VOYAGER s'était mis en frais pour présenter un type de Q différent et résultat, le personnage se "domestiquait" plus ou moins ».
Tout le monde n'était pas convaincu du bien-fondé de cette approche, et quand Brannon Braga prit les rênes de l'équipe de scénaristes, il décida que, quitte à refaire appel à Q, il devrait redevenir le personnage sombre et dangereux de LNG.
Michael déclare avoir été totalement en accord avec cette décision : « Chaque épisode qui s'en est suivi paraissait l'adoucir un peu plus... En rendant Q toujours plus sympathique, on ne lui rendait vraiment pas service. Plus il devenait aimable, moins il était intéressant. »
Ultime apparition
L'équipe de scénaristes cherchait toujours une histoire sombre mettant de nouveau Q en scène, mais rien ne se présentait. Alors que l'épisode final de VOYAGER approchait, on commença à réaliser que Q risquait fort de rester en suspens. Comme Rob Doherty l'explique, on savait que Q avait un avenir limité.
Rob Doherty : « Nous avons pensé que nous verrions peut-être pour la dernière fois John de Lancie dans la peau de Q. Voyager allait disparaître des ondes, et la série Star Trek suivante se déroulerait à une époque antérieure à celle de Kirk. Les fans auraient donc du mal à accepter qu'un Q y évolue avant Kirk... »
Sou

s la houlette de Ken Biller, l'équipe décida d'embarquer pour une toute dernière histoire consacrée à Q. « Autant en emporte les Q » s'achevait sur la naissance du fils de Q, et l'idée se profilait, qu'un jour, il pourrait demander à Janeway de lui servir de baby-sitter... Ken voulut reprendre cette trame. Mais même alors, il avait le choix.
Les écrivains Bryan Fuller et James Kahn ont suggéré une orientation plus sombre
Ken Biller : « Je désirais me livrer à une exploration "science-fictionnesque" de la jeunesse de Dylan Klebold et d'Eric Harris, qui ont fait les gros titres, explique Bryan. C'est une histoire nettement plus sombre, mais il y a aussi beaucoup plus de matière. A mon sens, toute l'histoire se ramenait à cela: Q prenait son fils à part et lui recommandait d'étudier Voyager pour apprendre de l'humanité. Mais étant le digne rejeton d'une société amorale, il est littéralement incapable de différencier le bien du mal et prend cette instruction paternelle au pied de la lettre. II arrache Voyager à notre continuum espace-temps pour le stocker en un autre lieu et se livrer à son analyse de l'humanité loin des regards inquisiteurs des Q. Échappant aux observations, il s'efforce de briser le capitaine et son équipage, sur le plan émotionnel, physique et psychologique. Q2 n'a de cesse de dépouiller ses victimes de leur vernis "Starfleet" pour mettre à nu leur caractère profond, Et il parvient à ses fins. Les uns après les autres, les membres d'équipage succombent sous la pression, sans réaliser qu'il s'agit d'un test particulièrement cruel. Au final, Q découvre les entourloupettes de son fils et redresse la situation. II aurait peut-être même été intéressant de montrer que Q2 était au-delà de toute rédemption, sa cruauté foncière constituant une menace pour la Galaxie. Le continuum Q votait donc son élimination. Naturellement, Q était en mesure de rendre toute sa gloire au vaisseau et de ramener d'entre les morts les membres d'équipage décédés. Mais les malheureux resteront marqués à vie. Janeway et les siens ont vécu un traumatisme très réel. Ils ne seront plus jamais les mêmes.»
Les possibilités qu'offre ce genre d'histoires sont intrigantes, mais Ken a le sentiment que ce n'était pas l'au revoir qui convenait pour un personnage aussi populaire.
Ken Biller : « Nous ne voulions pas que le dernier épisode où Q apparaîtrait soit sombre et mystique, explique Rob. Je ne pense pas que ce Q était un tueur. En fin de compte, nous désirions réhabiliter ce gosse, et cela devient quasiment impossible s'il est trop malveillant au point d'exciter le mépris... Si nous avions adopté le point de vue de Bryan et de Jay, cela aurait pu finir en expérience déprimante, et nous ne voulions vraiment pas que Q prenne ce chemin. »
Au lieu de cela, le ton de l'intrigue se rapprochait beaucoup de celui de « Déjà Q », avec le fils de Q contraint de vivre parmi les humains et d'en tirer la leçon. Cette fois cependant, on ne retrouvait pas – ou très peu – l'attitude supérieure du Q adulte. Après tant d'épisodes consacrés aux Q, Ken et Rob cherchaient quelque chose de nouveau à apporter dans ce domaine.
Ken Biller : « J'imagine que nous essayions de jouer à l'opposé de ce qui avait souvent été fait avec Q, dit Rob. Nous désirions jouer sur un constat: en fin de compte, il ne sait fichtre pas par quel biais prendre son gamin... Et nous nous efforcions de faire comprendre qu'il était perdu, en réalité. Au point d'aller trouver tante Kathy pour qu'elle l'aide... »
En définitive, le Capitaine Kathryn Janeway et son équipage trouvent le moyen de sortir les deux Q de l'impasse, et quand ils quittent le vaisseau, on ne retrouve plus guère trace du mépris que Q a jadis affiché à l'égard de l'humanité... En fait même, avec cette dernière apparition, le fantasque Q semble être véritablement devenu un ami. »