PATRICK STEWART
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Patrick Stewart 1

Cinq ans après avoir interprété pour la dernière fois le rôle du Capitaine Jean-Luc Picard dans Star Trek - Nemesis, Patrick Stewart revient sur son expérience à bord du vaisseau spatial Enterprise et sur la manière dont son implication vis-à-vis de la saga Star Trek a affecté sa carrière et sa vie.

Depuis sa dernière prestation en 2002, Patrick Stewart a eu un emploi du temps incroyablement chargé. Il est revenu sur les planches Londoniennes pour la production de David Mamet, « Une vie au théâtre », a tourné la « Onzième Heure », une nouvelle série destinée à la télévision britannique, et s'est rendu à Vancouver pour reprendre son rôle, celui du professeur Charles Xavier, dans le troisième épisode de la saga X-Men. Avec autant de projets passionnants, il est clair que Patrick semble tout disposé à poursuivre ce qu'il fait depuis toujours, depuis la fin de Star Trek – La Nouvelle Génération : une carrière éclectique et comportant nombre de défis à relever.
 
Des rôles intéressants
 
Patrick a déclaré par le passé que le concept fondamental de Star Trek et sa morale en faisaient une aventure attirante, digne d'être vécue pendant toutes ces années. Mais pour autant, choisit-il ses rôles en fonction d'une éthique particulière ?
 
Patrick Stewart : « Eh bien, beaucoup de raisons participent de la sélection d'un rôle. S'il fallait toujours choisir en vertu d'une morale quelconque, nous autres acteurs serions souvent au chômage ! Pour ma part, je recherche l'originalité, la fraîcheur d'approche. La diversité ayant toujours été la clé de voûte de ma carrière, je cherche constamment à me démarquer de tout ce que j'ai pu aborder par le passé. Surtout par rapport à ce pour quoi je suis le plus connu, Star Trek. »
 
Patrick avait déjà bien sûr une longue carrière jalonnée de beaux succès avant Star trek.
 
Patrick Stewart - Claudius Patrick Stewart : « Dans le Los Angeles Times, lors de l'annonce de la nouvelle série, il y a eu à mon sujet cette fameuse et délicieuse remarque qui parlait d'un "acteur shakespearien britannique inconnu"... Je l'ai découpée pour la placarder sur la porte de ma caravane pendant les sept années entières qu'a duré la série: "Attention : Acteur shakespearien britannique inconnu" ! »...
 
Quand on lui demande comment il a réussi à ne pas se retrouver cantonné toujours au même type de rôle après tout le temps qu'il a passé sur Star Trek, il répond:
 
Patrick Stewart : « En fait, on m'a enfermé dans un rôle ma vie entière. C'est juste que les stéréotypes n'arrêtent pas de changer ! II y a eu toute une période (cinq ou six ans) où j'étais le premier choix pour du "comique de boulevard", dans la Royal Shakespeare Company. Je jouais tous les personnages graveleux, vulgaires, du genre "grosse farce". Et puis il y a eu une période, du milieu des années 1970 jusqu'au début de la décennie suivante, où je me suis retrouvé abonné aux hystériques névrosés homicides, des personnages comme Leontes, par exemple. J'ai eu vingt-sept ans d'une carrière bien remplie avant même d'enfiler ma combinaison spatiale ! »
 
Débattre du rôle

Patrick s'est toujours intéressé de très près à tout ce qui se disait à propos de STNG, à quel moment a-t-il décidé de s'en mêler ?

Patrick Stewart 2 « Eh bien, je me souviens d'une conversation avec Gene Roddenberry, avant même de commencer le tournage du premier épisode. Je lui ai expliqué qu'il était dans mes habitudes de débattre du scénario, et particulièrement de ce que mon personnage aurait à dire. Et je n'avais pas l'intention de changer d'attitude sous prétexte que je me produisais maintenant dans une série télévisée américaine... Dans le pilote "Le mystère Farpoint" , je ne me rappelle pas qu'il y ait eu énormément de changements. Mais à mesure que j'en venais à mieux appréhender mon personnage, et au fil du temps, alors que je me préoccupais beaucoup de rendre différent chaque épisode et Picard aussi intéressant que possible, j'ai énormément parlé à Rick Berman, au jour le jour pratiquement, des épisodes en préparation...

Patrick Stewart : Quand on travaille à un rythme aussi soutenu, nous faisions pas moins de vingt-six épisodes par saison, des choses peuvent parfois sortir, que ce soit l'intrigue, ou des développements qui n'ont aucun sens. Je déteste l'inachevé, le bâclé, l'irréfléchi... Bref, je déteste les films qui ne tiennent pas debout. Il y en a tellement qu'on voit et qui sont mal construits. Quand on part du principe que le public n'y verra que du feu ou qu'il s'en fichera, je trouve cela très insultant. »

Cette attention au détail vient des expériences passées de Patrick, avant qu'il n'endosse son rôle dans Star Trek.

Patrick Stewart - Jean Luc Picard - Robin des bois

Patrick Stewart : « Les vingt ou vingt-cinq premières années de ma carrière, environ, j'ai eu la chance insigne de travailler presque exclusivement sur des scripts merveilleux, beaucoup de Shakespeare, de classiques et d'oeuvres modernes. Cela m'a sans doute marqué pour la suite, car depuis ce temps-là, j'ai toujours prêté attention à ce que je disais. Que ce soit au moins correct grammaticalement et, partant de là, aussi intéressant et enthousiaste que possible. Donc, je m'efforçais constamment d'apporter de petites modifications aux dialogues pour les rendre plus attrayants et leur donner plus de caractère aussi. »

Favoris
 
Les efforts et la contribution de tout un chacun, dans STNG, ont donné des trésors d'épisodes mémorables. Lesquels Patrick préfère-t-il ? Ceux portés à l'action, ou au contraire ceux de type plus contemplatif ?
 
Patrick Stewart : « II y a eu de nombreux épisodes que j'ai beaucoup aimés pour différentes raisons. J'ai apprécié les défis que me lançaient "Hiérarchie" ou "Lumière intérieure" (j'espère que ce sont les bons titres, j'ai une mémoire horrible pour cela !). Mais j'ai aussi aimé des épisodes d'une veine plus légère, et certains des plus romantiques. Ceux-là apportaient toujours une diversion bienvenue. »
 
Du côté coeur, Picard a connu des moments mémorables, tant tristes qu'heureux. Mais la relation entre Jean-Luc Picard et Beverly Crusher n'a jamais vraiment éclos.
 
Jean Luc Picard et Beverly Crusher Patrick Stewart : «Toute la relation entre Picard et Crusher comportait des subtilités et des complexités intéressantes. Mais j'ai toujours eu le sentiment que cela devait rester dans l'impasse. Sinon, cela aurait de toute façon été du réchauffé. De la sorte, c'était bien plus intéressant qu'une histoire d'amour conventionnelle. »
 
Si Patrick apprécie différents styles, avec le recul du temps, il reconnaît toutefois avoir connu plus d'une contrariété.
 
Patrick Stewart : « Quand cela s'est présenté, les frustrations que j'ai pu éprouver tenaient moins à Picard en soi qu'à l'impression, parfois, de se répéter, de rejouer la même histoire sans aucune note d'originalité. Mais mes frustrations venaient surtout du fait que je tenais toujours le même rôle, année après année. J'en arrivais à avoir hâte de mettre STNG de côté pour passer enfin à autre chose. »
 
Dans la série cependant, le travail de Patrick ne se limitait pas à ses apparitions devant la caméra. Vers la fin de la quatrième saison de STNG, il rallia les rangs des réalisateurs de Star Trek en prenant la barre de « En théorie », l'épisode charmant dans lequel Data tentait de nouer des relations romantiques avec une collègue, le Lieutenant Jenna D'Sora.
 
Patrick Stewart devient réalisateur pendant la 4ème saison.Patrick Stewart : « Marvin Rush, notre directeur de la photographie, m'avait parlé de la possibilité de passer à la réalisation, se rappelle Patrick. Je ne l'avais même pas envisagé, alors que Jonathan Frakes avait déjà fait deux ou trois épisodes. Le premier, "Paternité", reste mon préféré de toute la série, je crois. Naturellement, il était nécessaire de convaincre Rick Berman qu'il ne compromettait pas la série en confiant les rênes d'un épisode à un acteur non qualifié, mais comme pour Jonathan, je crois qu'on a dû être convaincu que j'avais assez étudié pour passer à l'acte. Je m'étais beaucoup intéressé aux divers aspects de la réalisation d'épisodes pour la télévision. J'ai eu la chance de me voir confier un épisode palpitant, merveilleux, en fait ! , d'entrée de jeu. A bord du vaisseau, une jeune femme tombe amoureuse de Data, qui tente de se programmer les règles d'une relation romantique. J'ai aussi eu la chance extraordinaire d'avoir Brent Spiner dans le rôle principal parce que c'est un acteur fantastique. Il a apporté beaucoup d'humour et de profondeur à l'histoire. Sans parler de la superbe prestation de notre invitée, bien sûr (Michele Scarabelli incarnant Jenna D'Sora). »
 
Si toute sa carrière est basée sur le théâtre, Patrick ne doutait pas que la réalisation, dans le milieu de la télévision, serait gratifiante.
 
Patrick Stewart : « Je n'avais pas réalisé de production théâtrale à proprement parler. J'avais fait toutes sortes de travaux de studio et d'atelier. Mais la première fois que j'ai officiellement réalisé quelque chose, c'était cet épisode, en fait. J'avais beaucoup enseigné, tenu des cours de maître et dirigé des ateliers de travail sous différents angles avec les acteurs. Je me sentais donc tout à fait à l'aise avec cet aspect du métier. Le côté technique, en revanche, me souciait un peu. Mais avec le soutien fantastique du Directeur de la photographie et de mon premier Assistant à la réalisation, tout est allé comme sur des roulettes ! J'en garde le souvenir d'une merveilleuse expérience. Cela dit, c'était vraiment épuisant. Après ma première journée sur les plateaux, je me rappelle avoir quitté le studio sur des jambes flageolantes... Je n'étais pas sûr d'arriver jusqu'à ma voiture ! J'avais demandé conseil auprès d'un confrère réalisateur, qui m'avait juste recommandé le port de chaussures confortables ! A mesure que j'ai enchaîné les réalisations d'épisodes, j'y ai pris de plus en plus goût. Au point que, les dernières années de la série, c'était devenu pour moi un des temps forts. Cela entretenait ma veine artistique, et mon enthousiasme restait entier. »
 
L'épisode que Patrick réalisa ensuite fut « Le culte du héros», cinquième saison.
 
Patrick Stewart : « Un épisode réussi pour moi. Et travailler avec cet enfant était un bonus. »

Patrick Stewart realiseur de : Pour une poignée de Data

Puis vint la sixième année avec « Pour une poignée de Data », sur le thème populaire du western, et dans la saison finale, « Fantasmes » et « Attaque préventive ». Si on lui demande quel est son épisode préféré, Patrick répond :

Patrick Stewart : « J'imagine que mon coeur penche plutôt pour le premier, car tout avait pour moi l'attrait de la nouveauté. Et chaque heure passée sur le plateau était un défi. J'ai eu beaucoup de chance que "l'épisode-western" m'échoit, car nous en avions tous entendu parler et, naturellement, nous étions nombreux sur les rangs à vouloir le réaliser ! Mais il se trouve que mon nom était associé à un chiffre, et ce chiffre a correspondu à l'épisode en question ! Un pur hasard si j'ai décroché cette réalisation-là... Comme par hasard aussi, le Capitaine Picard avait très peu de scènes dans l'épisode, ce qui est toujours un avantage. Et j'avais grandi au milieu des westerns, un genre qui m'était donc on ne peut plus familier... »
 
En extérieurs
 
Dans Star Trek, les extérieurs sont rares, mais pour cet épisode, Patrick y eut droit.
 
Patrick Stewart : « En sept ans, la journée la plus palpitante pour moi, je crois, fut celle que nous avons passée dans la ville-western aménagée dans le grand terrain situé à l'arrière des studios de la Warner Brothers. Je me souviens que la veille au soir, mon premier assistant m'avait prévenu au téléphone que la journée qui m'attendait serait trop chargée. Le planning de tournage ne semblait pas faisable. Je me suis pourtant juré d'y arriver quand même ! Nous sommes arrivés très tôt sur les lieux le lendemain matin, et les premières répétitions se sont déroulées alors qu'il faisait encore nuit. Dès qu'il ferait assez jour pour impressionner la pellicule et que le directeur de la photo me donnerait le feu vert, on commencerait le tournage. J'étais très déterminé ! »
 
Une journée couronnée de succès
 
Patrick Stewart : « Et ce jour-là, c'était en plein été, le tout dernier bout de pellicule fut un gros plan de Brent, qui risque un coup d'oeil par l'entrebâillement d'une porte. C'était en fait tourné dans le noir complet, mais éclairé de façon à ce qu'on ait l'impression qu'il faisait encore jour ! Parfois, j'avais trois caméras en action : deux sur le plateau, et une troisième occupée à filmer un maximum de plans exploitables en ville. A la fin de la journée, hormis une vue de chevaux qui manquait encore, tout était dans la boîte ! »
 
« Fantasmes », un épisode de la dernière année de la série, eut aussi son lot de défis à relever et ne combla pas tout à fait les attentes...
 
Patrick Stewart : « C'était difficile, reconnaît Patrick. Quand nous avons commencé, le script sonnait encore faux pour certaines choses. Alors, à certains égards, nous sommes allés à l'aveuglette. Un problème majeur se posait : c'était Deanna Troi apparaissant sous la forme d'un énorme gâteau en sucre glace... qu'il fallait découper en tranches comme s'il s'agissait vraiment d'elle. D'un point de vue technique, c'était très ardu. Quand j'ai visionné le résultat de la scène, j'ai su que cela n'allait pas. Cela ne marcherait pas. Il fallait refaire la séquence en changeant plusieurs choses. Expédient rare dans la série: il a aussi fallu se résoudre à supprimer deux ou trois plans alors que nous en étions déjà à l'épisode suivant, parce que l'effet ne fonctionnait pas du tout. Ce fut l'épisode le plus dur de tous, très frustrant... »
 
Patrick Stewart et Michelle Forbes (Picard et Ro Laren) Le dernier épisode de Patrick, « Attaque préventive », s'est présenté juste avant le dénouement final de la série. Michelle Forbes, alias l'enseigne Ro Laren, y figurait.
 
Patrick Stewart : « J'ai adoré travailler avec Michelle. C'est une actrice merveilleuse, et j'ai eu la chance d'avoir quelques scènes à jouer avec elle. »
 
Il se rappelle tout autant des mauvais moments que lui ont fait passer deux de ses collègues acteurs.
 
Patrick Stewart : « Un après-midi, Brent et Michael Dorn devaient finir tôt. Ils se sont donc mis en tête de me mener ensuite la vie dure ! Ils ont fait les fous sur le plateau, amusant beaucoup la galerie d'ailleurs, je dois dire... Ils étaient très drôles. Le problème, c'est que ce jour-là était très chargé pour moi, et censé se conclure sur un tête-à-tête entre Michelle et Picard... J'avais hâte d'en finir avec tout le reste pour aborder enfin cette grande scène. Et eux ne pensaient qu'à se payer une bonne tranche de rigolade ! Ils m'ont tellement fait tourner en bourrique que ces moments sont restés dans toutes les mémoires. Alors que j'avais enfin réussi à ramener l'ordre et à les calmer tous les deux, les amenant à se replonger sérieusement dans le travail, voilà que Wendy Neuss survient pour voir où nous en sommes, et mes deux lascars remettent cela, histoire d'épater la dame ! Ils ne savent pas que je ne leur ai jamais vraiment pardonné de m'avoir gâché la journée à ce point. Naturellement, à l'époque, ni l'un ni l'autre n'avaient encore tâté de la réalisation... Aujourd'hui, Michael Dorn ne se comporterait certainement plus de cette façon, maintenant qu'il sait ce que c'est. » (Rire)
 
Par ailleurs, pour les premières aventures de Patrick au poste de réalisateur, l'équipe s'était très bien comportée.

Patrick Stewart et David Warner dans l`épisode HiérarchiePatrick Stewart : « Pour mon premier épisode comme réalisateur, c'est vrai, mes collègues ont été formidables. Naturellement, nous nous taquinions beaucoup les uns les autres. Après tout, c'est dans la nature même de la série. Je me souviens qu'alors que nous tournions le long métrage « Génération », David Carson est venu dès le premier jour sur le plateau.

Il y avait LeVar, Jonathan, Gates et moi-même. Comme nous avions tous les quatre réalisé des épisodes, nous nous sommes mis en devoir de lui expliquer comment il devrait s'y prendre pour filmer la première scène! Ce genre de taquinerie bon enfant a toujours été dans l'esprit de la série. Jonathan ne m'a jamais laissé oublier l'épisode que j'ai réalisé où nous étions dans la salle des machines, lui et moi. Comme, à un moment, j'avais beaucoup de mal à filmer un plan, je l'ai prié de s'agenouiller. Et lui qui connaissait déjà à l'époque les difficultés de la réalisation a accepté. Alors que rien, autrement, ne le poussait à accéder à ma requête ! »

Les atouts de la série
 
Quand il revient sur les quarante ans de Star Trek, Patrick est prompt à en analyser les atouts.
 
Patrick Stewart : « A la base, ce sont avant tout de bonnes histoires, avec à la clé des personnages bien campés en qui le public se reconnaît. Sans parler de la philosophie fondamentale qui sous-tend l'ensemble... Elle semble rencontrer beaucoup d'écho chez un grand nombre de gens.»
 
La propre distribution de STNG est déjà en soi l'histoire d'une belle réussite. Mais ainsi que Patrick s'en souvient, la seule recommandation que Gene lui ait faite à propos de son personnage, le Capitaine Picard, c'était de lire les romans de C.S. Forester, sur Horatio Hornblower. Le créateur visionnaire de Star Trek à bien dû avoir d'autres conseils que celui-là à prodiguer, tout de même ?
 
Patrick Stewart : « Je vous le jure, nous n'en avons jamais parlé ! insiste Patrick. En fait, Gene avait créé pour le pilote un personnage fort, déterminé. Tous les grands traits de Jean-Luc Picard s'y trouvaient déjà. Il ne me restait qu'à jouer mon rôle au mieux de mes capacités. A part cela, Gene estimait que l'esprit de notre série soufflait dans les pages des romans de Forester. C'était la mise au point non conventionnelle d'un homme non-conformiste.»
 
Pendant les sept années de sa diffusion sur les ondes, STNG remporta un succès retentissant et Patrick reconnaît que si Gene Roddenberry en fut le visionnaire, beaucoup d'autres ont apporté leur pierre à l'édifice.
 
Patrick Stewart - Jean Luc Picard - InsurrectionPatrick Stewart : « Gene a certainement été l'influence primaire, ainsi que la source de notre travail et de notre inspiration. Mais très vite, nous nous sommes tous faits spontanément les champions de sa cause et étions tous prêts à nous battre pour défendre nos idées. A mon avis, c'est cette passion inhérente à Star Trek qui a permis à la série de poursuivre son chemin avec autant de succès pendant sept longues années. »
 
Un rôle en expansion
 
Ce succès durable était dû en grande partie à la popularité de Jean-Luc Picard. Patrick peut penser que les grandes lignes de son personnage étaient toutes tracées dès le pilote, mais ne reconnaît-il pas que, le temps aidant, il a contribué à l'étoffer ?
 
Patrick Stewart : « Oh, c'est certain ! Nous avons développé bon nombre d'aspects que je trouvais intéressants et qui appartenaient déjà à l'univers de Star Trek, quoi qu'il en soit. Disons que nous y avons peut-être prêté davantage attention. Nous avions comme thèmes à développer les droits des êtres humains, une vision plus politique du monde, et mon intérêt pour certaines activités sportives a certainement transparu à l'écran, comme l'équitation, l'escrime et autre ! »
 
Patrick est néanmoins déçu que l'industrie du cinéma n'ait jamais reconnu la valeur de Star Trek – La Nouvelle Génération.
 
Patrick Stewart - Locutus Patrick Stewart : « En ce qui me concerne, la série méritait amplement tout le succès qu'elle a eu. La seule déception, pour beaucoup d'entre nous, c'est qu'elle n'ait jamais été citée lors de la cérémonie des récompenses, ou disons, rarement. Dans la catégorie "Créativité", elle n'a jamais été nominée non plus. Tous les prix raflés allaient aux aspects purement techniques. Quant aux catégories "Scénario", "Meilleure Série", "Meilleur Acteur", "Réalisation", par exemple, il n'y eut aucune nomination. Encore aujourd'hui, c'est un grand mystère pour moi, vu les excellents comédiens que nous avions, comme Brent Spiner. Il a donné à la télévision ce que j'estime être une des meilleures prestations qui soit. Sans parler de Jonathan Frakes, de LeVar Burton, de Michael Dom... Tous autant qu'ils sont, et les scénaristes, et les réalisateurs ! Bref, ce fut ma seule surprise, que la série n'ait jamais eu la reconnaissance qu'elle méritait. C'était pourtant de la plus haute qualité, en termes de production, de divertissement, de réalisation, de développement d'intrigue, de développement des personnages, de production-conception, et j'en passe.»
 
Patrick Stewart sur le tournage de NemesisMission finale
 
La dernière apparition de Patrick dans la peau du capitaine Picard fut pour Star Trek – Némésis, en 2002. Pour ce film, il s'impliqua dès les prémices en livrant ses pensées vis-à-vis de l'intrigue en voie de développement.
 
Patrick Stewart : « Que Rick Berman ait recherché des idées partout autour de lui et ait tenu compte de nos avis a été un des plaisirs de toute cette aventure. Ce fut ainsi dès le premier jour de tournage du pilote de la série, et il a toujours continué sur cette voie. Et une fois que John Logan fut de la partie, Rick nous a mis en rapport alors que je me produisais sur la scène de Broadway, à New York. Résultat, Logan et moi avons parlé des heures entières au téléphone. John est un écrivain qui travaille en collaboration. En ce qui concerne Star Trek, même s'il avait ses propres idées sur la direction qu'il aimerait voir nos personnages prendre, il avait pleinement conscience que comme nous les avions incarnés toutes ces années durant, et que nous les connaissions intimement, nous aurions en tant qu'acteurs un point de vue qui nous serait unique. Et même quelqu'un comme John, un vrai fan de la série, ne pourrait pas se substituer seul à une telle expérience. Par exemple, à l'origine, Shinzon n'était pas un clone, mais le fils naturel caché de Picard. Or, cette idée de départ ne me plaisait pas beaucoup. Pareille dynamique serait d'un émotionnel et d'un sentimental peu intéressants, au fond. Sans compter qu'on ne sortait pas des sentiers battus... Alors que dès qu'il a été question de clonage, même si je ne suis pas à l'origine de cette idée, j'ai tout de suite su qu'on tenait quelque chose... C'est nettement plus intéressant d'être confronté à son clone qu'à son enfant. »
 
Patrick Stewart et l`Argo dans NemesisAprès tant d'années passées à jouer Picard, Patrick a-t-il eu le sentiment que ce film lui ouvrait de nouvelles perspectives ?
 
Patrick Stewart : « A chaque épisode et à plus forte raison à chaque film, apporter du sang neuf, des idées nouvelles ou surprendre le public avec Picard a toujours été mon ambition. Alors oui, je pense que dans ce long métrage, le Capitaine a matière à s'amuser ! Il y a d'abord eu la séquence du véhicule tout-terrain. Je n'en avais encore jamais piloté. Et j'ai joué un Picard tout excité aux commandes de ce merveilleux véhicule. D'autant que la plupart du temps, c'était effectivement moi qui conduisais.
Puis et il y a eu le discours du témoin du marié, à l'ouverture du film, dont une bonne partie était improvisé, d'ailleurs. »
 
A un moment, Picard demande même à Data « de la boucler » ?
 
Patrick Stewart : « Ce n'était pas dans le script, on ne peut pas incriminer John Logan ! Mais j'avais attendu quinze ans pour m'offrir cette saillie, et là, je ne m'en suis pas privé ! J'étais persuadé que ce serait coupé au montage... »
 
Quand on lui demande si le film a comblé toutes ses attentes et exaucé toutes ses espérances, Patrick répond :

Patrick Stewart : « Et plus encore ! Nous voulions tourner un long métrage qui revigorerait tout ce que nous avions fait auparavant et qui serait véritablement un mélange genres aptes à drainer le plus large public, et pas seulement les fans de Star Trek. Nous désirions produire un film génial, qui se trouverait juste être un film Star Trek. Et je pense que Némésis est ce qui se rapproche le plus d'une telle ambition. »

Patrick Stewart - Jean Luc Picard - Nemesis

Émotion

NEMESIS était annoncé comme le dernier long métrage pour les acteurs de STNG . Mais cela ne signifie pas pour autant que Patrick veuille tirer sa révérence.

 De façon rassurante pour les fans, il le confirme.
 
Patrick Stewart : « Je ne veux pas que ce soit un adieu.»
 
Il se remémore un moment particulièrement poignant, alors que le film touchait à sa fin.
 
Patrick Stewart : « Tard dans la production, après des semaines et des semaines de tournage, nous allions réaliser la scène où William Riker vient faire ses adieux au Capitaine Picard, dans son bureau privé. Il était sept heures du matin. Sur le plateau, il faisait froid et sombre, pas d'éclairage, les portes ouvertes... les techniciens présents autour sirotaient leur tasse de café fumant. Nous répétions nos lignes de dialogue en tâchant de trouver nos marques, quand
Jonathan m'a dit: "Servir sous vos ordres a été un honneur, Capitaine." Et là, cela a été l'effondrement. J'ai craqué. Sans crier gare, l'émotion m'a submergé, et je me suis écroulé dans les bras de Jonathan... Je me suis fait l'effet d'un parfait imbécile, naturellement. Tout le monde se demandait ce qui se passait. Avais-je bu ou quoi ? Mais à cet instant précis, tous les sentiments que j'avais nourris pour mes camarades pendant toutes ces années s'étaient cristallisés, et leur dire adieu devenait subitement terrifiant... Une véritable souffrance. La journée entière, je me suis débattu avec moi-même, en tentant de me maîtriser pendant le tournage de cette scène pénible. Mais de tout le film, ce fut la seule difficulté rencontrée, à vrai dire.»

À la confluence de l'acteur et du personnage

Patrick Stewart - Passerelle

Patrick l'admet, avoir si longtemps incarné le Capitaine Picard a eu tendance à amalgamer leurs deux personnalités.
 
Patrick Stewart : « Eh bien, c'est exact. Du fait de cette longue association, et puisque j'ai donné à mon personnage tellement de moi-même au cours des sept ans qu'a duré la série (en lui prêtant mes croyances, mes chevaux de bataille, mes opinions sur de vastes sujets), dans certains domaines bien spécifiques, il s'est effectivement produit ce qu'on pourrait appeler un croisement. Parfois, je me suis sciemment efforcé de mettre en valeur les qualités de tolérance et de patience de Picard, du fait que je suis en réalité une personne impatiente et intolérante, justement, du moins, je l'ai souvent été dans mon existence. Et, quoi qu'il m'en coûte de l'avouer, il y a eu des fois où je me suis littéralement demandé ce que Jean-Luc ferait à ma place... »
 
Constamment rechargé et rafraîchi par sa vie en dehors de Star Trek, et quoi que l'avenir réserve au vaillant Capitaine Jean-Luc Picard et à son équipage, Patrick Stewart saura toujours insuffler à son alter ego sa fraîcheur d'âme et ses trésors d'expérience et de dévouement, sur la passerelle de l' U.S.S. Enterprise NCC-1701-E.



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