Interview de LeVar Burton
 

LeVar Burton a toujours été ravi d'incarner Geordi La Forge à bord de l'U.S.S. Enterprise NCC-1701. Depuis la fin de Star Trek La Nouvelle Génération cependant, il a poursuivi sa carrière de comédien, certes, mais aussi celle d'écrivain, de producteur et de réalisateur.

LeVar Burton 01.

Lorsque LeVar Burton a décroché le rôle de l'officier aveugle de Starfleet, Geordi La Forge, dans STNG, c'était presque un rêve devenu réalité.

LeVar Burton : « J'étais un grand fan de la série classique, dit-il. La présence et l'investissement de Gene Roddenberry m'ont incité à me lancer dans l'aventure les yeux grands ouverts, avec un bel enthousiasme. Je ne me suis pas démonté. Je connaissais Bob Justman [le producteur]. Nous avions collaboré à un film pour la télé. Je suis d'avis que rien n'arrive par hasard, mais la plupart du temps, on n'en connaît pas la raison sur le moment. Et il me semble maintenant que ce petit téléfilm que Bob et moi avions fait jetait en fait les bases de ce que serait ensuite mon propre investissement dans STNG. Il savait que j'aimais énormément la série grâce aux conversations que nous avions eues. »

LeVar Burton 02 / Geordi La Forge

Comme tous les autres, LeVar n'aurait jamais imaginé que STNG remporterait tant de succès. Il n'aurait jamais cru non plus qu'il resterait aussi longtemps impliqué dans l'univers de Star Trek.

LeVar Burton : « Personne n'a de boule de cristal. Quand nous avons tourné "Racines" [où il jouait Kunta Kinte, à l'âge de dix-neuf ans], qui se serait douté que cela aurait tant de succès? Et ce fut tout aussi vrai avec STNG. On ne sait jamais quand on a un génie dans la bouteille. On fait des choix. Tout au moins, je fais des choix dans ma vie, à partir de ce qui me frappe sur le moment, et en ce temps-là, cela me paraissait être une bonne idée! »

A bord de l'U.S.S. Enterprise NCC-1701-D, Geordi a toujours su résoudre les problèmes. Mais parfois, il semblait rester plutôt sur la touche, n'ayant pas grand-chose à faire en définitive. Que pense LeVar de la façon dont Geordi était perçu ?

LeVar Burton 03 / Racines

LeVar Burton : « Eh bien, vous savez, au départ, toutes les crises étaient pour Wesley Crusher... Les adultes demeuraient un peu au second plan, c'est vrai, autour de ce génie en herbe occupé à résoudre tous les problèmes comme par enchantement... »
 
Quant aux amours de Geordi La Forge, le malheureux a essuyé de spectaculaires rebuffades en un très grand nombre d'occasions...
 
LeVar Burton : «Cela m'a toujours irrité ! Et si vous voulez mon avis, c'était une sacrée fausse note ! Le fait que Geordi, confronté aux femmes, ait été si mal à l'aise avec sa sexualité... »
 
Même son idylle la plus prometteuse avec le docteur Leah Brahms, la célèbre experte en propulsion, dans « L'enfant de la Galaxie » (un épisode de la quatrième saison), finit par capoter.
 
LeVar Burton : « Je comprends sa résistance, car Geordi avait échafaudé tout un fantasme autour d'elle sur le holodeck, et cela n'avait aucun rapport avec la femme en chair et en os. Quand ils se rencontraient enfin, cela posait problème au docteur. Et je le conçois volontiers. Je n'ai jamais été d'accord avec les producteurs concernant cet aspect de Geordi. A mes yeux, cette attitude n'avait aucun sens. »
 
LeVar Burton 04 / Geordi La Forge Pour certains, le personnage de Geordi n'a jamais pleinement développé tout son potentiel, ni tenu toutes ses promesses. Le fait qu'on ne puisse pas lire ses émotions dans ses yeux y était peut-être pour quelque chose... Après sept, saisons de STNG et le film Star Trek - Générations, LeVar en personne insista finalement pour ne plus porter la « bande-banane de fixation » qu'était le VISOR.
 
Et dans le film suivant, Star Trek - Premier Contact il eut droit à des lentilles de contact bleues pour représenter des implants oculaires. Puis dans Star Trek – Insurrection, le monde-colonie de Ba'ku régénérait ses nerfs optiques, lui permettant de voir clairement pour la première fois, et de vivre des moments émouvants avec le Capitaine Jean-Luc Picard en admirant son premier coucher de soleil...
 
LeVar Burton 05 / Implant occulaireCependant, la véritable satisfaction professionnelle de LeVar découle de son évolution dans l'art de la réalisation. II a fait ses débuts au cours de la sixième saison de STNG en prenant les rênes de « Deuxième chance » puis de « Pegasus ».

Il a ensuite réalisé huit épisodes de Star Trek - Voyageur, dix de Star Trek - DS9 et neuf de Star Trek - Enterprise.

LeVar Burton 06 / Metteur en scène

LeVar Burton : « Personne de sain et d'équilibré n'irait se charger d'un tel boulot, à moins de le vouloir vraiment ! On ne se lance pas dans une telle entreprise à la légère! »

Après ses premiers succès en tant que comédien, néanmoins, c'était devenu l'une de ses ambitions de longue date.
 
LeVar Burton : « Le défi suivant à relever, pour moi, concernait l'art de la réalisation si je voulais atteindre mon but en devenant un cinéaste à part entière. Je désirais vraiment être en mesure de développer des intrigues et de narrer des histoires reflétant une vision bien particulière - la mienne. Mes quelque vingt ans de carrière comme acteur représentent à mes yeux une simple étape vers les deux autres facettes de mon métier : celle de la réalisation et de la production. C'était donc une évolution capitale. Avoir à mon actif "l'université Star Trek", ainsi que le soutien de Rick Berman et de tous les autres, pour m'aider à développer mes talents de réalisateur, fut vraiment essentiel. »
 
Outre son travail de réalisateur, LeVar a aussi fondé sa propre société de production, Eagle Nation Films, qui a bénéficié d'un accord avec Paramount Pictures pour plusieurs années.
 
LeVar Burton : « Cet accord intéresse autant la télévision que le cinéma », explique-t-il.
 
Son premier téléfilm remporta un succès notable : The rider Woods Story, qu'il réalisa pour Showtime en 1998. L'oeuvre, encensée par la critique, fut nominée pour trois Emmy.
 
LeVar Burton 07L'année suivante, il tint les rênes de la comédie de science-fiction Smart House pour le compte de Disney, et en 2003, il réalisa le film de Noël acclamé, Blizzard. Whoopi Goldberg, l'ancienne vedette invitée récurrente de STNG,  participait à la bande-son.
 
D'autres projets continuent d'affluer. LeVar a travaillé sur un épisode de Miracle's Boys, pour la télévision, et s'apprête à se lancer dans bien d'autres aventures.
 
LeVar Burton : « Nous sommes en train de mettre au point des productions destinées à la télévision du réseau, au câble et au cinéma aussi ! »

Hors du monde du cinéma et de la télévision, LeVar s'est en outre taillé une solide réputation comme écrivain, et sa carrière dans ce domaine est aussi couronnée de succès. Son roman de science-fiction Aftermath, dont l'action se déroule en l'an 2019 après qu'une guerre raciale eut presque décimé l'Amérique, fut publié en 1998 et reçut les honneurs de la critique.

LeVar Burton 08

LeVar Burton : « L'idée de départ pour Aftermath m'est venue en fait il y a quinze ou vingt ans, déclare-t-il. J'ai d'autres idées en gestation, qui prendront encore vraisemblablement des années pour aboutir, mais j'ai le sentiment que cela fait partie du processus de création. Je considère l'écriture comme une troisième carrière que j'embrasserai à plein temps une fois la cinquantaine venue! Quand je cesserai de réaliser et de produire, j'aspire à m'asseoir devant mon ordinateur et à écrire des romans. »

Mais LeVar envisage-t-il sérieusement de faire la suite d'Aftermath ?

LeVar Burton : « Pour l'instant, je suis vraiment trop occupé pour penser à cela. Cependant, il y aura bel et bien une suite !»

Collaboration :

Entre-temps, LeVar préfère se consacrer pleinement au travail en équipe.
 
LeVar Burton : «Si je fais tout ce que je fais, c'est en grande partie parce que j'adore le contact humain. Être cinéaste signifie avant tout agir en collaboration. Le septième art est d'ailleurs la seule forme d'expression artistique qui soit le fruit d'un effort commun. »
 
Se mêlant de tout, LeVar s'est précisément révélé être un touche-à-tout talentueux.
 
LeVar Burton : «A mon sens, nous devrions tous faire preuve de versatilité. Cela dit, je suis vraiment convaincu d'avoir des choses intéressantes à dire, et si je veux réussir à faire passer ces idées précieuses et viables de mon point de vue, il est nécessaire de ne pas se cantonner à une seule chose mais au contraire d'aborder sa vision sous de multiples angles. »
 
La communication a été la clé de voûte de l'éclatant succès de la série PBS ayant pour thème le goût de la lecture chez les enfants, Rainbow Reading. LeVar est la vedette invitée aussi bien que le producteur délégué de ce programme éducatif révolutionnaire depuis son lancement en 1983. II continuait même à y travailler en tournant STNG, et la série a remporté au total pas moins de vingt-quatre Emmy.
 
LeVar Burton : «C'est un peu comme Racines, dit-il, un autre exemple spectaculaire de la portée et de la puissance de ce médium, un vecteur merveilleux qui ne sert pas uniquement à divertir, mais aussi à éclairer et à éduquer. »
 
LeVar est encore le porte-parole de JuniorNet, l'équivalent Internet de ce programme PBS destiné aux enfants. Il présente Reading Rainbow avec d'autres séries de divertissement et d'éducation. LeVar pense-t-il que Star Trek est aussi un instrument de communication ?
LeVar Burton : « Mais absolument! Et Star Trek offre une merveilleuse trame dramatique. C'est l'art de la narration sous ses meilleurs aspects. Si Star Trek a autant de succès, c'est bien en raison de ses personnages incroyablement attachants lancés dans tout un tas d'aventures qui nous poussent à réfléchir sur nos propres existences, les choix et les décisions que nous faisons chaque jour. »
 
La carrière de réalisateur de LeVar s'est poursuivie au-delà de STNG  en 1994, pour déboucher sur DS9, la série suivante, puis VOY.
 
LeVar Burton : «J'ai eu de fantastiques épisodes à réaliser pour DS9. "Indiscrétion" était plutôt génial. Nana [Visitor] et Marc Alaimo y tenaient la vedette. Un autre épisode où Worf passait en jugement s'appelait "Les règles du combat". Quant aux "Condamnés", je l'avais rebaptisé "Le cauchemar d'Odo". II y a eu aussi "Les soldats de l'empire", "Derrière les lignes" Bref, de bons épisodes me semble t’il.»
 
LeVar a également pu réaliser des épisodes de ST Enterprise, et notamment, dans la quatrième et dernière saison, « Poursuite », où il était réuni sur le plateau à Brent,Spiner, sa covedette de STNG, incarnant pour l'occasion le Docteur Arik Soong.
 
LeVar Burton 09Une des expériences favorites de LeVar en tant que réalisateur fut « Eternité », un épisode charnière de VOY. Le centième, dans la cinquième saison. Naturellement, il y avait aussi repris son rôle pour incarner le capitaine La Forge de l'U.S.S. Challenger NCC-71099.
 
LeVar Burton : « A mon avis, "Eternité" était un épisode vraiment excellent, bien écrit et bien réalisé. Remarquable. J'en ai beaucoup parlé avec Brannon [Braga], et plus encore que par le passé, j'ai véritablement eu le sentiment d'accomplir du bon travail. Mais c'était peut-être dù à ma longue expérience de ce genre de chose. Et le fait que j'aie pu mener à bien des projets dans d'autres domaines a incité les gens à considérer mes contributions sous un angle différent. En tout cas, c'est la réflexion que je me suis faite. Cette histoire, à mon sens, amenait Harry Kim sous le feu des projecteurs dans la mesure où, dans son enthousiasme débordant, il prenait de gros risques. Et, au moment de vérité, il décevait l'équipage de Voyager... Avec des conséquences tragiques à la clé... Bref, Harry s'accuse de tous les maux, il se juge très durement. Mais à la fin, l'espoir lui revient sous la forme d'un message tout simple : de temps à autre, il faut savoir faire une pause, se changer les idées... »
 
En cas de rupture ou de cassure manifeste, LeVar n'a qu'un mot à la bouche : évoluer ! Passer à la suite...
 
LeVar Burton : « La personne la plus sage me l'a déclaré un jour , elle parlait en fait d'une déception sentimentale, mais cela peut sûrement s'appliquer à toutes sortes de déconvenues : si l'on pleure quelqu'un qu'on aimait, le mieux à faire (à prendre au sens littéral ou métaphorique, peu importe), c'est encore de courir escalader la montagne la plus proche et, une fois au sommet, de hurler à pleins poumons... C'est fini, vraiment fini ? Eh bien, passons à la suite!»
 
Chaque fois qu'il a pris les commandes d'un épisode de Star Trek , LeVar a tenté d'y imprimer sa griffe.
 
LeVar Burton : « C'est mon boulot de réalisateur, je pense. Vous savez, la télévision est avant tout le vecteur du producteur. Donc, en tant que réalisateur, influer sur la matière n'est envisageable que dans certaines limites. Quoi qu'il en soit, je fais mon possible, d'autant plus que j'adore la série. J'adore cet univers ! Lire les scripts, visualiser les scènes, tout cela me plaît énormément, et c'est pour toutes ces raisons que je continue, Parce que cela m'amuse, tout simplement! Je suis toujours le plus heureux des hommes lorsque je suis sur un plateau de tournage, comme réalisateur. Mais j'aime aussi le métier de producteur. Et si je me lance dans l'aventure, c'est parce que j'ai le sentiment qu'il reste beaucoup d'histoires qui valent la peine d'être racontées. Mais pas seulement... C'est aussi pour me donner l'occasion de revisser sur la tête ma casquette de réalisateur! En tant que producteur, je dois dire que LeVar Burton est mon réalisateur préféré ! »

Biographie :

LeVar Burton 10

LeVar Burton est né à Landstuhl, Allemagne de l'Ouest, où vivait sa famille pendant le service militaire de son père. Ils revinrent aux États-Unis deux ans plus tard. LeVar ne pensait pas devenir acteur. Au départ, il se destinait à la prêtrise et, à treize ans, il intégra un séminaire catholique. Mais à dix-sept ans, il opta plutôt pour une carrière dans les arts du divertissement et décrocha une bourse à l'université de Californie du Sud pour une licence de lettres.

LeVar est un passionné de littérature et d'alphabétisation. Son travail pour la série élévisée PBS destinée aux enfants, «Reading Rainbows», lui a valu de se voir proposer un siège au National Committee on Library and Information Sciences Comité national des Bibliothèques et des Sciences de l'Information].
 
LeVar Burton : «C'est un poste présidentiel, explique 'Var. Cet organe conseille le président ur la politique nationale à adopter concernant les systèmes de classification des bibliothèques, mais également sur la meilleure façon de réunir les informations dans ce pays, et de les diffuser. Depuis ces cinq ou six dernières années, Internet a pris une part énorme de tout ce que nous examinons, évaluons et recommandons.»
 
LeVar détient le record du plus grand nombre d'épisodes Star Trek réalisés par un comédien de la série. En effet, il a piloté deux épisodes de STNG, dix de DS9 , huit de VOY et neuf de ST - Enterprise.
 
En dehors de Star Trek, il a réalisé The Tiger Woods Story pour Showtime en 1998 et Smart House pour Disney Channel l'année suivante. En 2005, il a continué à réaliser et à produire, récoltant un Grammy pour sa narration de l'Autobiographie de Martin Luther King.



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