Dwight Schultz
 
 
Dwight Schultz 02

Pendant toute la série Star Trek : La Nouvelle Génération, Reginald Barclay a probablement été l'officier le plus gauche et emprunté de Starfleet...

Dwight Shultz a d'abord interprété ce grand timide de Reginald Barclay lors d'un épisode de la troisième saison de STNG. Au cours de la série, sa propre personnalité a paru être un fardeau pour lui, en dépit de la sollicitude et de l'amitié de ses collègues, et de ses talents manifestes. Quand s'ouvre Star Trek : Voyager, Reg semble enfin avoir fait la paix avec lui-même et tente de ramener sur Terre le Capitaine Kathryn Janeway et son équipage. Qui aurait pu imaginer qu'un tel personnage perdurerait ainsi ? Certainement pas Dwight, en tout cas!
 
Dwight Schultz  : « Que mon personnage continue d'exister est étonnant ! Je l'avais cru mort ! »
 
Décrocher ce rôle dans STNG était un rêve devenu réalité.

Dwight Schultz : « J'ai toujours été un fan de la première heure. J'ai vu tous les épisodes de la série initiale, en couleur, alors que j'étais lycéen. Et quand STNG a été diffusée, j'étais en train de finir Agence tous risques. Naturellement, je suis aussitôt devenu un grand fan, ne ratant jamais un épisode. Je connaissais très bien Jonathan Frakes et Brent Spiner, étant leur ami, et je me félicitais de leur succès, tout en étant un peu jaloux ! Puis j'ai collaboré avec Whoopi Goldberg à un long métrage intitulé The Long Walk Home, à la fin des années 1980. Elle figurait en haut de l'affiche, bien sûr, et je lui ai parlé de ma passion pour Star Trek.

Dwight Schultz / Woopy Golberg

Avant de comprendre ce qui m'arrivait, j'ai reçu un appel. On me demandait si participer à un épisode m'intéressait ! Voilà comment tout a vraiment démarré. J'ai eu une chance infernale ! »

Des visages familiers
 
Le premier épisode s'intitulait « Fantasmes holographiques» : Reginald Barclay crée des scénarios holodeck en s'attribuant invariablement le beau rôle.
 
Dwight Schultz : « Je me suis bien amusé ! Tout le monde était génial avec moi et très attentionné envers les vedettes invitées. Je ne me doutais pas que je tournerais d'autres épisodes par la suite. Je pensais faire mon numéro et tirer ma révérence, comme n'importe quelle vedette invitée, en fait. Mais quelle chance, j'ai eu un rappel ! Et quel rappel ! Ironie du sort, sur le plateau de Voyager, je connaissais les équipes techniques mieux que les interprètes récurrents ! C'étaient les mêmes personnes : Marvin Rush, DP [directeur de la photographie], et Cosmo Genovese, que je connaissais depuis le tournage de Agence tous risques, l'assistant de plateau. L'ingénieur du son était Alan Bernard. Quand j'y retourne, c'est un peu comme une réunion de famille. Cela fait chaud au coeur! Les plans de tournage sont essentiellement analogues et très serrés. Deux des trois derniers épisodes, "Pathfinder" et "Inside Man", ont signifié pour moi une énorme charge de travail. Dans le dernier, comme j'apparaissais pratiquement dans toutes les scènes, cela me faisait des journées de quinze heures. Depuis STNG donc, j'ai de longues séances d'entraînement. Le niveau professionnel est toujours aussi élevé, l'équipe technique au top et tout le monde s'efforce de faire le meilleur travail possible. Pour "Inside Man", le réalisateur, Allan Kroeker, a été tout simplement fabuleux! J'ai passé de merveilleux moments avec lui. C'est simple, je l'adore ! Vous n'avez pas idée...! II s'est montré vraiment très sensible à l'épisode, à mon personnage, et nous avons vraiment eu une expérience géniale. »
 
Dans les épisodes de Voyager, Dwight a également été ravi de retrouver Marina Sirtis.
 
Dwight Schultz / Marina Sirtis Dwight Schultz : « Dès le début, nous nous étions très bien entendus. Nous avons toujours eu une merveilleuse relation.»
 
Un type ordinaire
 
Malgré le succès de Barclay, avec sa trouvaille susceptible de ramener Voyager à ses bases, il n'a rien d'un officier de Starfleet typique. Et selon Dwight, c'est une bonne chose.
 
Dwight Schultz : « De la part des scénaristes, c'était un coup de génie, en fait, puisque avec moi, ils mettaient en scène le fan ultime ! Barclay a des problèmes, il n'est pas parfait... Bref, quelqu'un avec qui tous les aficionados de Star Trek s'identifieraient aisément. II a bon coeur, mais n'est pas véritablement à sa place. A mon avis, cela amenait une perspective unique sur la série et son public. Une idée de maître ! Un personnage ordinaire apparaissait enfin sur la passerelle, et cela a fait mouche. Barclay voudrait désespérément participer à tout ce qu'il voit, exactement comme moi, qui ai rêvé pendant des années de devenir acteur ! Il veut désespérément être ce qu'il n'est pas et ne sera jamais. Il restera sans doute simple lieutenant toute sa vie, mais il a un coeur d'or. II semble admettre que jouer son rôle, dans la vie, est primordial – davantage, sans doute, que de courir après des ombres par ambition. Les scénaristes lui ont donné un caractère très doux. Et voilà, en somme, un grand coeur, un homme qui sait où est sa place et un rêveur impénitent, quoi qu'il en soit. »
 
Dwight reconnaît volontiers que Barclay n'est pas de l'étoffe des officiers de Starfleet, mais au moins, son personnage ne se berce pas d'illusions sur ce plan-là.
 
Dwight Schultz : « C'est un des éléments auxquels j'ai longuement réfléchi. Je pense que Barclay aspirerait désespérément à une promotion, tout en comprenant très bien qu'il n'est pas près d'en obtenir une... »
 
Malgré ses défauts, Reginald ne manque pas de talents. Hors de Starfleet, il n'aurait eu aucun mal à se faire une place au soleil.
 
Dwight Schultz : « II serait certainement dans la recherche en électronique. Sans l'ombre d'un doute. Le petit génie informatique du futur, voilà ce qu'il serait. Plongé jusqu'au cou dans les champs quantiques et l'étude des accélérateurs de particules, occupé à créer de super moteurs à vitesse de distorsion, ce genre de choses... Cela vous amène à réaliser (parce que, après tout, nous nageons en pleine fiction) qu'il y aura une place pour tout le monde dans le futur. Même si nous parlons d'un avenir idéalisé à la Star Trek, par opposition à l'avenir plus noir que présente Babylon 5. II est très bon pour les fans d'avoir un personnage ordinaire et récurrent, qui commettra parfois des bourdes.»
 
Dwight n'apprécie-t-il pas malgré tous les épisodes plus graves et réalistes ?
 
Dwight Schultz : « Si, je les aime ! Mais c'est simplement une vision différente du monde. J'aime le côté sombre, que je trouve fascinant et propice à la réflexion. Cela dit, les divertissements actuels me fatiguent avec leur étalage racoleur de vulgarité – nos critères se sont tellement effondrés, histoire de ratisser large, que cela en devient ahurissant! Dans ce marasme, Star Trek a su maintenir le cap, préserver une lumière qui nous guide. Tôt ou tard, les gens se révolteront contre ces émissions indignes, mais en attendant, c'est merveilleux de voir un genre comme Star Trek garder sa fraîcheur d'âme et ses qualités. Il a su rester au-dessus de la mêlée et des programmes poubelles dont on nous inonde. Oh ! Il en pâtira temporairement, mais en fin de compte, il en ressortira grandi. »
 
Dwight SchultzLe champ est large
 
Dans l'épisode de Voyager « Inside Man », Dwight se voyait offrir l'occasion de jouer un Reginald Barclay holographique doué de tout le charme et l'assurance qui font cruellement défaut au modèle original. L'acteur a apprécié le changement d'approche, mais il soutient que Reg lui-même est loin de se réduire à un personnage de carton pâte.
 
Dwight Schultz : « La personnalité du Lieutenant Barclay ne manque pas de nuances. Et l'interprète a toujours la possibilité de se renouveler. Mais pour moi, c'était surtout un épisode très drôle. Je me suis beaucoup amusé à tirer mon personnage dans des directions autres. Les scénaristes se donnent du mal pour offrir de la variété aux acteurs. A chaque retour sur les plateaux, il ne s'agit pas de refaire le même numéro! Et j'en suis absolument ravi. Je dois dire en outre qu'il est probablement plus facile, pour une vedette invitée, de venir jouer de cette façon que pour les acteurs récurrents qui, eux, sont plus ou moins coincés. Avec un personnage comme Barclay, les scénaristes peuvent partir du fait que de l'eau a coulé sous les ponts et donc faire ce qu'ils veulent avec. Alors que les héros de la série sont sur la corde raide. Au fond, j'ai toutes les chances ! »
 
Retour au rôle
 
Il y a eu de longs intervalles entre les diverses apparitions de Barclay dans STNG et dans Voyager. Mais Dwight n'a jamais eu de difficultés à reprendre son rôle.
 
Dwight Schultz : « Ce n'est pas difficile. En revanche, réaliser depuis combien de temps je jouais le personnage et admettre que j'avais vieilli, cela a été difficile ! Et Barclay est toujours Lieutenant ! Aucune promotion en vue... C'était sûrement plus facile à accepter quand j'étais plus jeune. Aujourd'hui, j'ai les dents un peu longues pour continuer à jouer les jeunes premiers attendrissants de maladresse ! Alors, du point de vue de la réalité, oui, c'est ardu. Par contre, concernant simplement le personnage, il est ce qu'il est. Une fois que vous vous en accommodez, cela reste avec vous votre vie entière, je pense. »
 
Dwight retrouve chez Barclay certaines facettes de sa propre personnalité.
 
Dwight Schultz : « A chaque nouveau rôle, votre objectif est de trouver un "terrain d'entente" en quelque sorte entre votre personnage et vous-même. Quelques points communs... Et partir de là. Le manque flagrant d'assurance de Barclay, par exemple, trouve un écho certain chez moi. Là, je n'ai aucune peine à m'identifier à lui. En trente-trois ans de carrière, j'ai décroché une petite poignée de rôles seulement en auditionnant. Cinq, six ou sept, je crois... Pas plus. Alors que la plupart des artistes qui connaissent le succès y vont le vent en poupe et décrochent le rôle à tous les coups. J'ai toujours eu du travail, mais auditionner était pour moi un supplice. Vous voyez, je manque beaucoup d'assurance, et de ce côté-là, Barclay, c'est moi ! Quand je me présente à une audition, je ne suis plus du tout le même homme tellement j'ai peur! Parfois, je suis même simplement incapable d'aligner deux phrases cohérentes. J'ai donc puisé dans ces expériences pénibles de mon propre parcours pour jeter un éclairage lumineux sur Barclay et sur ce qu'il est. »
 
Dwight Schultz / Jonathan FrakesQuand Star Trek - Premier Contact a été tourné, Dwight fut autant ravi que surpris de figurer dans la distribution.
 
 Dwight Schultz : « Je n'étais pas du tout censé en être ! Ce fut l'idée de Jonathan [Frakes], deux ou trois jours avant ma scène. C'était déjà en production, en plein tournage, quand il s'est dit, "puisqu'un Lieutenant apparaît dans le script, pourquoi ne pas faire appel à celui que nous connaissons". Quelle chance pour moi que Jonathan ait eu mon personnage en tête ! Et là aussi, j'ai pris du bon temps. Jonathan était génial. D'ailleurs, à mon avis, cela reste le meilleur scénario, avec les Borgs, le concept de la vitesse de distorsion, le retour dans le passé, la rencontre avec le concepteur! Très intéressant, en fait...»
 
Le fameux rôle de Dwight, Murdoch, dans Agence tous risques, offre un contraste saisissant par rapport à celui de Reginald Barclay. Le comédien se réjouit de l'étendue de sa palette artistique, dont il a pu faire montre au cours de sa carrière.
 
Dwight Schultz 03Dwight Schultz : « J'ai vraiment eu beaucoup de chance de jouer des personnages si différents... On ne m'a jamais enfermé dans un type de rôle particulier. Après Agence tous risques, la série télévisée qu'on a tellement critiquée, j'ai travaillé avec Paul Newman, Roland Joffe, Sissy Spacek et Whoopi Goldberg, j'ai fait d'innombrables apparitions dans des programmes ou des séries télévisées, dans toutes sortes de rôles... Certains affirment qu'au fond, je joue toujours les névrosés, les anxieux maladifs... Eh bien, oui, d'un certain point de vue. Mais si on va par là, tous les grands rôles shakespeariens sont névrotiques, d'une manière ou d'une autre. La névrose et un comportement singulier caractérisent presque toute forme de divertissement ! »
 
Une carrière éclectique
 
Dwight Schultz : « On peut toujours regretter certaines choses comme de ne pas avoir assez travaillé, ou souhaiter que cela se soit mieux passé... C'est mon problème, au fond. J'ai eu un grand nombre d'opportunités, j'ai tenté ma chance et j'ai souvent failli réussir. Mais seulement failli... A mes yeux, mes propres défauts m'ont empêché de faire tout ce que je voulais. Reste que j'ai tout de même accompli beaucoup... J'ai côtoyé les idoles de mon enfance, pour mon plus grand plaisir. Je n'ai franchement pas à me plaindre. »
 
Avec le recul du temps, quand il repense à son amour pour Star Trek, Dwight est bien en peine de désigner sa série préférée.
 
Dwight Schultz : « C'est très difficile, vu qu'elles sont toutes extraordinairement différentes les unes des autres... J'étais un fan éperdu de la première. De ce fait même, que la série classique ait été la première, j'ai toujours un petit faible pour elle. La relation entre Spock et Bones, le rationnel et le sentimental, préfigurait à mes yeux le monde politique où nous vivons aujourd'hui. Tant de gens vous répètent que ce que vous pouvez ressentir s'oppose à ce que vous pensez... Alors qu'en vérité, il s'agit d'une combinaison des deux... A mon sens, la série originale de Roddenberry prédisait vraiment le dilemme de la survie: faut-il raisonner ou écouter les élans de son cœur? Pour moi, l'idéal se situe entre les deux... Pour réussir, on ne doit pas privilégier l'un au détriment de l'autre. Mais j'ai aussi beaucoup aimé STNG. Là encore, combien d'oiseaux de mauvais augure n'ont pas prédit son échec...! De sorte qu'il a fallu surmonter un grand nombre d'obstacles. J'ai estimé que le choix de Patrick Stewart comme Capitaine, si différent de William Shatner – un genre de Capitaine à la Henry V si on veut, plus cérébral – était une idée géniale, et cela nous a entraînés dans d'autres directions. »
 
Même s'il a adoré apparaître dans Star Trek, Dwight ignore comment en mesurer les répercussions sur sa carrière de comédien.
 
Dwight Schultz : « Quand je tournais dans Agence tous risques, l'industrie cinématographique n'appréciait guère ce programme. Pas plus d'ailleurs que Star Trek est dans ses petits papiers... Les gens se moquent de notre série. Le business du divertissement est très lourd, vous savez... Galaxy Ouest est un très bon exemple, je pense, de l'attitude de l'industrie. Mais même si Star Trek n'a pas a priori le retentissement que pourrait avoir un film interdit aux moins de dix-huit ans et qui réalise trente-deux millions de dollars de bénéfices au box-office en un week-end, il n'empêche que les gens finissent tôt ou tard par le voir. Votre travail est reconnu, et cela ne peut que vous aider. Surtout si votre parcours est cohérent. Dans ce milieu, la logique, la cohérence et l'endurance sont toujours remarquées. Star Trek a certainement tenu la distance. Alors, de ce point de vue, c'est un atout pour votre carrière. Bien sûr, certains choix vous propulsent sur la bonne voie et d'autres pas. Tout se joue dans un lancer de dés... Si le score est bon, votre numéro est tiré. Sinon, tant que votre prestation est bonne, cela ne peut pas faire de mal, croyez-moi. »
 
Un rêve d'enfance
 
Dwight Schultz : « Mais que Star Trek soit ou non un plus dans une carrière, je l'ai vraiment voulu. Pour moi, c'est un rêve devenu réalité. En un instant, je me suis vu ramené dans le sous-sol de ma maison de Baltimore, à regarder mon poste de télévision couleur Magnavox dans les années 1960... Je me rappelle la première fois où j'ai visionné chaque épisode, le plaisir que j'y ai pris, la joie de pouvoir en parler dans mon entourage... Alors qu'importe l'opinion de l'industrie cinématographique ! Ce qui m'intéresse, moi, voilà ce qui compte ! Et je ne ferais pas ce que je fais si je n'y trouvais aucun plaisir ni aucune gratification ! »
 
=/\=
 
Dwight Schultz 01Biographie
 
Dwight Schultz a grandi à Baltimore et, frais émoulu de l'université avec un diplôme d'arts dramatiques en poche, a débuté au théâtre. II emménage à New York puis à Princeton avant de se produire dans des théâtres aux quatre coins du pays, revenant à New York en 1976, où il fait des apparitions à Broadway.
 
Après avoir vu Dwight jouer au théâtre et au cabaret, NBC lui demande de préparer une cassette dans la veine de la comédie et, finalement, alors qu'il interprétait lord Byron sur les planches du Philadelphia Theater Guild, le vice-président de NBC le prie d'auditionner pour le rôle de Murdoch dans Agence tous risques. D'après Dwight, l'audition fut «un désastre », mais les producteurs ont tenu néanmoins à lui faire faire un bout d'essai avec le réalisateur d'une ou deux heures, et cette seconde chance fut concluante.
 
L'impressionnante carrière théâtrale de Dwight englobe des prestations dans Troilus et Cressida, La Tempête, La Nuit des rois, Les Enfants du soleil, La Mouette, The Knack et The Crucifer of Blood. À la télévision, en dehors de ses rôles dans Star Trek et Agence tous risques, il s'est produit dans de nombreuses séries, notamment Alfred Hitchcock présente, Les Détectives milliardaires, Touched By An Ange!, Diagnostic: Meurtre, La Quatrième Dimension, Stargate, la série et Babylon 5. Au cinéma, il est apparu dans Alone in the Dark, The Fan, Fat Man and Little Boy, The Long Walk Home et The Temp.



Créer un site
Créer un site